Traversée Cap Vert / Martinique du 6 au 29 décembre 2023

30 Décembre 2023 , Rédigé par Voilier Mataiva Publié dans #Atlantique, #Navigation, #Voilier Mataiva, #Le tour de l'atlantique, #Voile, #Traversée Cap Vert - Martinique

Mercredi 6 décembre 2023, nous larguons les amarres vers midi heure locale. Cap sur la Martinique, distante de 2100 milles. Il y a une vingtaine de nœuds de vent au départ. Avant de partir, nous avons remonté le moteur de pilote automatique réparé par Boat CV. Nous gardons en réserve le deuxième réparé et le moteur neuf. L’hydrogénérateur, avec son nouveau boitier régulateur fonctionne également parfaitement.

Vidéo départ Mindelo

Vers 16 heures, j’envoie un mail à la famille avec l’iridium mais vers 18 heures, Nathalie remarque que l’iridium est éteint. Impossible de le rallumer. C’est la tuile ! Heureusement que nous avons la balise Spotx , cadeau de départ en retraite des collègues. Elle va nous permettre d’envoyer de courts messages (140 caractères max) ainsi que notre position GPS par mail ou SMS pour donner des nouvelles à nos proches. Mais par contre nous ne pourrons plus capter de fichier météo !

A 21 heures, le bateau perd son cap, j’arrête le pilote et je prends la barre. Cette fois-ci, ce n’est pas un problème de pilote, je ne comprends pas ce qui se passe, je n’arrive pas à diriger le bateau. J’appelle Nathalie et nous rentrons les voiles, tant bien que mal car nous n’arrivons pas à mettre le bateau nez au vent, le bateau ne répond que très lentement à la barre, comme si il ne restait qu’un bout de safran. Nous allumons le moteur, ça fait pareil. Nous installons la barre de secours, même résultat. Au moins, on voit que ce n’est pas un problème de transmission du mouvement de la barre, la barre de secours fait bien tourner la barre à roue. Comme on n’est pas encore très loin de Mindelo, nous lançons un appel de pan pan à la VHF. Personne ne nous répond mais au bout d’un moment le voilier MITSUHA prend contact avec nous. Il relaie notre message à un ami à Mindelo qui contacte la marina. Il lui est répondu que pour une avarie de safran, il fallait attendre le levé du jour et rappeler si une intervention est nécessaire. Nous remercions MITSUHA pour son aide et nous décidons d’attendre le levé du jour pour faire une inspection. Après réflexion nous pensons que soit le safran est cassé, soit on s’est pris dans quelque chose qu’on traine au niveau de la quille et/ou du safran. Nous mettons un tout petit bout de génois et nous nous laissons porter vers l’ouest à vitesse très réduite, au début en tenant la barre puis sous pilote car il tient tant bien que mal le cap. Nous perdons le contact avec les autres voiliers proches. Nous croisons un gros bateau à passagers qui a une route convergente, il modifie son cap de 1° durant au quart d’heure et passe juste derrière nous.

Jeudi 7 décembre 2023, Aux premiers rayons du soleil, nous inspectons le safran et la quille avec la Gopro et tout est normal. Nous étions déjà un peu rassurés car en fin de nuit lors de son quart Nathalie a pris la barre et lui a trouvé un comportement normal. Conclusion, ce que nous nous sommes pris dans la quille ou le safran a dû partir dans la nuit. Nous sortons les voiles et reprenons notre route vers les Antilles.  C’est une belle journée de navigation.  Nous apercevons quelques évents signalant des baleines qui nagent au loin …

La nuit est étoilée. Il y a 14nds de vent apparent, Mataiva file sous GV réduite et génois haut.

Vendredi 8 décembre 2023, nous étions tribord amure depuis le départ ce qui nous a amené assez nord par rapport à la route directe et la houle de travers devient plus importante. Nous décidons d’empanner et passons d’une route nord/ouest à une route sud/ouest. La houle vient maintenant sur l’arrière, ça passe mieux et c’est plus confortable. Le vent réel est à 18/20 nœuds. Il a un peu tourné, il est passé de NE à E.

17 heures, le vent a un peu tourné, nous empannons pour reprendre une route W/NW. Le vent apparent est à plus de 25 nœuds, nous réduisons la toile. Nous filons maintenant sur la Martinique presque en route directe.

A 21 heures nous sommes à 1843 milles de la Martinique. Ca ne diminue pas vite car justement, compte de la direction du vent et de la houle, nous ne pouvons pas rejoindre la Martinique en route directe.

Samedi 9 décembre 2023, nous avons bien marché cette nuit avec un vent bien soutenu (+ de 20 nœuds) même sous voilure réduite. La forte houle a toutefois bien fait rouler le bateau.

Au lever du jour, la houle est traversière et couche un peu le bateau sur les vagues. Nathalie prend la barre et met les voiles en ciseaux. Là, on est dans le sens de la houle et en cap  vers la Martinique. Mais en remettant le pilote, les variations de secteur de vent et la force des vagues font claquer les voiles… A 10h30, nous décidons de tangonner le génois, ce qui nous permet de se rapprocher de la route directe et d’éviter que le génois ne se dégonfle et claque. Nous restons ainsi voiles en ciseaux toute la journée. Pour la nuit, nous décidons de rentrer la grand-voile et de ne garder que le génois tangonné afin d’éviter les empannages intempestifs.

A 21 heures nous sommes à 1733 milles de la Martinique. Le vent est bien tombé, espérons que c’est momentané.

Dimanche 10 décembre 2023, ce matin le vent est inférieur à 10 nœuds, nous sommes génois tangonné et voiles en ciseaux.

La houle se calme un petit peu, nous avançons à petite vitesse. Nous profitons d’un calme relatif pour transformer le cockpit en salon de coiffure….

L’AIS détecte 3 bateaux qui font la même route que nous, Serenity of COCOA, Palarran et Skjoldmoen. Pour la nuit, nous enlevons le tangon, et réduisons la toile. Nous avançons au grand largue à bonne vitesse.

A 21 heures nous sommes à 1637 milles de la Martinique. Petite journée en terme de performance. Par contre la houle a bien diminué, c’est plus confortable. Des 3 voiliers détectés par l’AIS ce matin, seul Skjoldmoen, un voilier de 15 mètres est  toujours présent.

Lundi 11 décembre 2023, Skjoldmoen, a changé de route. Il prend un cap beaucoup plus sud vers le Brésil. Nous recevons toujours son signal AIS mais nous devrions le perdre bientôt. Le vent forcit.

Traversée Cap Vert / Martinique du 6 au 29 décembre 2023
Traversée Cap Vert / Martinique du 6 au 29 décembre 2023
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Traversée Cap Vert / Martinique du 6 au 29 décembre 2023

Spot X nous a permis de contacter notre ami Michel Leroy qui a déjà traversé l’atlantique, il connait les sources météo utiles et pourra nous donner de précieuses infos météo… Il nous informe que nous allons droit vers une zone de molle prévue pour mercredi –jeudi, et que pour l’éviter,  il faudrait descendre sous la latitude 16. Nous modifions immédiatement la route de Mataiva vers le sud. Merci Michel !

A 21 heures nous sommes à 1533 milles de la Martinique. Nous étions partis pour une  nuit, voiles en ciseaux et génois tangonné. Mais, dans la nuit, il s’avère que nous sommes trop toilés pour absorber les sautes de vent et la houle qui nous ballottent en tous sens… Nous rentrons complètement la GV et continuons sous génois tangonné. C’est plus confortable pour nous et pour le pilote que nous avons décidé de ménager au maximum.

Mardi 12 décembre 2023, Nous remettons de la toile au matin, voiles en ciseaux et génois tangonné. Le vent a faiblit, on avance à 4 ou 4,5 nœuds. Nous sommes maintenant au-dessous de la latitude 16. Nous empannons pour faire un peu moins de sud. Nous avançons maintenant au 250.

A 21 heures nous sommes à 1444 milles de la Martinique. Pour la nuit, comme nous sommes vent arrière, nous rentrons la grand-voile et avançons sous génois détangonné seul au cap 250. Le vent tombe, nous nous aidons du moteur. C’est lors de ces manœuvres qu’un bruit bizarre nous alerte. Un bruit sourd qui vient du dessous de l’axe de la barre. En inspectant le carré de la barre franche de secours, nous observons un léger jeu…Avec l’outil prévu, nous resserrons un peu le coussinet de la bague de l’axe de la barre. Affaire à suivre…..

Mercredi 13 décembre 2023, nuit tranquille, plus de vent et la mer se calme, on marche toujours au moteur et faisons un cap  proche du 260. Nous avons éteint le moteur vers 9 heures et mis toutes les voiles. Le vent est de sud-est et monte à 15 nœuds dans le matinée. Nous marchons sous voiles toute la journée et avançons bien. Ce soir le vent tombe et il faut remettre le moteur. Depuis le départ, nous mettons des traines derrière Mataiva mais sans résultat, Nathalie commençait à désespérer mais ce soir bingo ! Nous attrapons une belle dorade coryphène. Cela devrait nous permettre de faire au moins 3 repas !

A 21 heures nous sommes à 1336 milles de la Martinique.

Jeudi 14 décembre 2023, la mer s’est bien calmée, ça change par rapport à ce que l’on a eu depuis le départ. Le vent s’est levé, on peut arrêter le moteur. Nous sommes toutes voiles dehors et nous avançons bien. A midi, nous faisons un premier repas avec la dorade coryphène que Nathalie a préparée. C’est un régal !

A 21 heures nous sommes à 1227 milles de la Martinique. Pour la nuit, nous préférons réduire la toile et être au grand largue. Mais il faut guetter l’alarme batterie car avec moins de vitesse, l’hydro charge nettement moins. Il faut de temps en temps mettre un peu de moteur pour charger les batteries.

Vendredi 15 décembre 2023, nouvelle journée de petit temps, on n’avance pas vite mais ça repose car la mer est calme. Comme on n’a plus de météo puisque l’iridium est en panne, nous échangeons quelques petits messages avec notre ami Michel au moyen de la balise Spotx offerte par mes collègues de travail à l’occasion de mon départ en retraite (super cadeau qui nous rend bien service). Il nous conseille de descendre en dessous de la latitude 15 pour éviter une zone de grand calme. Nous nous dirigeons donc vers la latitude 15 grand largue bâbord amure.

A 21 heures nous sommes à 1142 milles de la Martinique. Cette nuit, vu le peu de vent, nous gardons toute la toile pour la nuit. Espérons que nous sortirons de cette zone de molle rapidement. Mais finalement, il faut rallumer le moteur sur la fin de la nuit pour avancer et charger les batteries.

Samedi 16 décembre 2023, Au matin nous pouvons éteindre le moteur et naviguer voiles en ciseaux génois tangonné. On avance à petite vitesse mais on avance. Nous continuons notre descente vers la latitude 15. Depuis hier nous voyons des algues. Il y en a de plus en plus. Est-ce le début des sargasses ? Ça commence tôt !

16 heures ;  une nouvelle daurade coryphène a mordu. Elle est encore plus grosse que la précédente. Elle est magnifique avec ses couleurs bleu et or. Elle sera cuite au court bouillon dans la soirée. On ne va pas mourir de faim.

A 21 heures nous sommes à 1066 milles de la Martinique. Avec notre cap sud-ouest et le faible vent nous ne nous sommes pas beaucoup rapprochés de la Martinique aujourd’hui.

Dimanche 17 décembre 2023, nouvelle journée de pétole, 2 à 3 nœuds de vitesse toute la journée !

A 21 heures nous sommes à 990 milles de la Martinique. Navigation au moteur car le vent est complètement tombé. Il faut dégager l’hélice des sargasses que nous croisons par bancs.

Lundi 18 décembre 2023, 9h00, le vent se lève sud/est, on éteint le moteur, Mataiva avance toutes voiles dehors.

Nous avons bien marché ce matin avec 10 à 12 nœuds de vent de Sud-est, dommage qu’il ait chuté cette après-midi à 5 ou 6 nœuds. Ce soir, il remonte à 12 à 14 nœuds de sud-est à est.

A 21 heures nous sommes à 901 milles de la Martinique. Le ciel est couvert. Quelques éclairs sur tribord nous inquiètent un peu. Ils vont s’intensifier jusqu’au matin. Vers 23 H, de grosses rafales nous obligent à réduire drastiquement. Vers 3 H, nous préférons rentrer la grand voile car la mer se creuse. Peu de temps après, des pluies diluviennes s’abattent sur nous. Et l’orage s’active de plus belle. Tout autour de nous, de grands flashs se propagent à travers d‘épais nuages. Lorsqu’ils claquent cela éclaire toute la surface de la mer jusqu’à l’horizon comme en plein jour mais en lumière jaune. Parfois, on aperçoit de vrais éclairs de foudre qui descendent vers la mer accompagnés de coups de tonnerre, …un cauchemar ! Nous avançons avec un tout petit bout de génois sous cette pluie battante jusqu’au lever du jour vers 8 H.

Mardi 19 décembre 2023, 9H00, la situation s’améliore, la pluie devient moins forte, l’orage se calme et nous reprenons notre cap sous génois seul, puis selon de nombreux réglages de voilure dans la journée. Pour sortir dans le cockpit, le mieux est de se déshabiller plutôt que de mettre un ciré. La pluie est chaude et on sèche très vite avec le vent…

A 21 heures, nous sommes à 806 milles de la Martinique. Et, le soir, rebelote, nouvelle nuit d’orage et de stress. Nous ne gardons qu’un tout petit bout de génois en prévision des fortes rafales sous grains à plus de 35 ou 40 nœuds. Même avec moins d’1 m2 de génois, on file dans les fort vent arrière. Notre capote de roof devient alors un« spi tempête » !

Mercredi 20 décembre 2023, la nuit s’est passée selon le même scénario que la précédente, fortes rafales sous grains avec pluies diluviennes, beaucoup d’éclairs tout autour de nous, ce qui est toujours stressant (risque de foudre sur le bateau). Nous avons navigué sous génois seul que nous avons réduit plusieurs fois dans la nuit. En fin de nuit la zone orageuse s’éloigne un peu, même si on voit encore des flashs dans le ciel, on peut remettre un peu plus de génois. L’AIS détecte un voilier qui fait la même route que nous, CAYMAN 3 un voilier de 11 mètres. Il nous rattrape, il va plus vite que nous. C’est la première détection AIS depuis 4 jours, à tel point qu’on finissait par se demander si notre AIS fonctionnait bien. La mer étant bien formée, la navigation sous génois seul entraine beaucoup de roulis. Nous décidons de sortir un peu de grand-voile pour stabiliser le bateau et améliorer la vitesse.

Vidéo Mataiva dans les alizés

A 21 heures, nous sommes à 694 milles de la Martinique. Avec 15 nœuds de vent, au grand largue, nous sommes sous voiles légèrement réduites. Une belle demi-lune éclaire doucement l’océan, le vent est tiède, c’est bien agréable! 

Jeudi 21 décembre 2023, la nuit a été bien plus tranquille que les 2 précédentes, météo stable, ciel dégagé avec un bout de lune, voilure un peu réduite par précaution, navigation largue/grand-largue. A 3h00 nous avons remis toute la toile. 14 nœuds de sud-est ce matin, entre 14 et 20 nœuds cette après-midi avec une forte houle du sud.

A 21 heures, nous sommes à 589 milles de la Martinique. Nous naviguons à 3,5 nd, sous génois seul, ballottés par la houle et profitons de la lumière d’une belle demi-lune croissante dans un ciel dégagé.

Vendredi 22 décembre 2023, à 8 H, nous sortons toutes les voiles et avançons tranquillement à 5 nd, en route directe. Toutefois, le vent de SE baisse fortement dans l’après-midi et la vitesse de Mataiva aussi en conséquence. Décidément les alizés sont bien faiblards. Nous pêchons une nouvelle daurade coryphène d’environ 70 cm. Sa peau bleuie tant qu’elle se débat dans l’eau, mais une fois remontée la couleur vire au gris jaune, étonnant ! Celle-ci s’est jeté sur le petit calamar de l’appât alors que son estomac était déjà plein ; nous y découvrons un poisson de 20 cm, avalé entier. Elle sera découpée et cuite au court bouillon . une fois refroidie, arrêtes et peau sont détachées de la chair.

A 21 heures, nous sommes à 496 milles de la Martinique, navigation à 3-4 nd sous génois seul. Beau clair de lune.

Samedi 23 décembre 2023, à 3h, toujours sous génois seul, la vitesse augmente à 4-5 nds pour un vent d’est à sud-est de 12 à 14 nd. Un peu avant midi, comme la vitesse chute aux alentours de 4 nd nous décidons de sortir le spi asymétrique.

Du coup la vitesse remonte à 5 ou 6 nd en dehors des pointes. Cela permet de bien rallonger la foulée. Toutefois, le vent chute dans  l’après-midi et la vitesse retombe à 4 nd en plus nous ne sommes pas en route directe ce qui n’est pas trop rentable en termes de rapprochement vers la Martinique.

Vidéo spi

Vers 19h, on remballe tout et nous continuons sous génois seul au cap 271 en route directe vers les Antilles.

A 21 heures, nous sommes à 405 milles de la Martinique.

Dimanche 24 décembre 2023, La nuit a été tranquille, navigation à petite vitesse sous génois seul plein vent arrière. Au matin, nous sommes au grand largue et nous remettons le spi pour le garder toute la journée. La vitesse du vent tourne autour de 7 nd.

A 21 heures, nous sommes à 316 milles de la Martinique. Le vent reste faible, aussi nous gardons le spi seul. Et, dans le clair de lune, il est un peu notre arbre de noël.

Sous le spi, droit devant, les Antilles à découvrir…. Ni l’un, ni l’autre n’y est encore allé. Dans la nuit, le voilier Lucky Jonny qui fait même route que nous, nous doublera.

Lundi 25 décembre 2023, 6h00, le vent est complètement tombé, le spi ne se gonfle plus. Nous le rentrons dans sa chaussette et mettons le moteur en marche à faible régime car nous n’avons plus beaucoup de gasoil et nous continuons notre route. 10h00, il y a un tout petit souffle, nous arrêtons le moteur et ressortons le spi de sa chaussette. Il se gonfle et se dégonfle, on avance à 1 ou 2 nd, c’est mieux que rien. De toute façon on ne peut pas faire toute la route au moteur. Nous prenons notre douche dans le cockpit grâce à une petite pompe à eau de mer que l’on branche sur l’allume cigare. A 12h, il nous reste encore 270 milles à parcourir. Il fait très chaud….On avance à 3 nd. Mais ça ne dure pas et la vitesse redescend à 1 à 2 nd. 19h00, il n’y a plus de vent du tout, la mer est d’huile. Nous rentrons le spi dans sa chaussette et mettons le moteur. La nuit tombe à 21 H. Mais nous avons parcouru plusieurs fuseaux horaires et il doit être 18H en Martinique….

A 21 heures, nous sommes à 249 milles de la Martinique. La nuit est sans vent, Mataiva glisse, au moteur,  sur une eau calme, sous un clair de pleine lune. A 5 heures, on sent un léger souffle sur tribord avec quelques gouttes. On sort les voiles et on arrête le moteur. Sous l’effet du nuage on avance à 5 nœuds mais rapidement la vitesse retombe à 3,5 nœuds mais ça se maintient. C’est mieux que rien ! Faux espoir, à 6 heures plus rien, on remet le moteur. Vers 8H30  (5H30 aux  Antilles), à l’ouest, la pleine lune disparait sur l’horizon, tandis que l’Est s’éclaire de la lumière du jour naissant. Sur notre tribord, Musetta, voilier de 14 M, fait une route parallèle à la nôtre. Il est plus rapide.

Mardi 26 décembre 2023, 9h30, un léger souffle nord/est s’établi, nous sortons le spi de sa chaussette tribord amure. Nous naviguons sous spi seul pas assez de vent pour sortir aussi la GV. Nous faisons route au 275 en route directe vers la Martinique à 2 ou 3 nd.

Aujourd’hui bricolages divers : repose d’une charnière de coffre, réparation du caillebotis en teck de la salle de bain, reprise étanchéité de la pompe du WC et repose de rivets sur une mâchoire de tangon.  Puis un petit rhum du cap vert, histoire de pouvoir comparer avec celui de la Martinique…

A 21 heures, nous sommes à 172 milles de la Martinique. Nous poursuivons notre route sous spi seul à 1 ou 2 nd avec le faible souffle qui reste. Vers minuit, Le vent bascule un peu au nord est, il faut empanner le spi. Le vent se renforce un peu, le spi se gonfle mieux. Toutefois Mataiva avance toujours entre 1 et 2 nd. Deux voiliers apparaissent sur babord, Zen 2 et ODA. Ils font une route parallèle mais sont beaucoup plus rapides. Vu le peu de vent, ils doivent être au moteur.

Mercredi 27 décembre 2023, 8h00, de gros nuages gris s’approchent, le vent se renforce rapidement, Mataiva avance à 5 ou 6 nœuds, le vent monte encore, 18 nd, Mataiva surf mais le pilote ne tient plus, il y a trop de vent pour le spi, il faut le rentrer. L’affalage est un peu agité et le bout du bout dehors glisse sous la coque. Il se prend autour de l’hélice et la bloque… Il fait encore nuit et nous attendrons le lever du soleil pour plonger et le dégager. Le vent s’est nettement calmé et on avance sous voiles hautes entre 1 et 2 nd. Une fois le bout dégagé de l’hélice, nous rehissons le spi. Mais toujours pas de vent… un souffle se lève mais on se retrouve au près ! Et, re-changement de voiles…

18 heures, un vent de NW (étonnant non) monte progressivement jusqu’à une quinzaine de nœuds. Nous sommes donc au près en route directe vers la Martinique. Ça fait plaisir de retrouver un peu de vitesse après toute cette pétole. Toutefois, on ne sait pas si ça va durer. Car ce vent est aussi l’effet des gros nuages gris/noir autour de nous. Ce vent nous permet de laisser sur bâbord un énorme nuage noir et sa pluie associée.

Malheureusement, le vent retombe vers 20 heures. Cela nous aura permis de gagner quelques milles.

A 21 heures, nous sommes à 132 milles de la Martinique.  Ce soir nous sommes sous génois et grand-voile haute mais bon, quand il y a pas de vent, on n’avance pas plus vite !

Jeudi 28 décembre 2023, ce matin la mer est plate quasiment d’huile, nous rentrons les voiles et sortons le spi afin de capter les moindres souffles de vent.

Vidéo pétole

Petite douches matinales dans le cockpit puis chasse aux nuages car il y a souvent un peu plus d’air à leur approche. 15 heures, nous attaquons les derniers 100 milles avant l’arrivée, en même temps que le passage d’un petit grain bien rafraichissant.

Vidéo grain

Ensuite, c’est sous un ciel nuageux et avec 8 nd de vent que Mataiva avance au travers, en route directe vers La Martinique. Nous avons retiré le spi avant le grain et mis le génois. Vers 18 heures après le passage de quelques grains nous remettons le spi en complément de la grand-voile.

Puis ce sera de nouveau le génois pour la nuit.

A 21 heures, nous sommes à 83 milles de la Martinique. Nous sommes doublés par ZELPHIS  puis  par TARA 4 .

Vendredi 29 décembre 2023, la nuit est tranquille, petit vent de travers, nous avançons à 2,5 ou 3,5 nd sous grand-voile haute et génois. La Martinique se rapproche petit à petit. 10 heures, on remplace le génois par le spi.

Vidéo arrivée sur la Martinique

On distingue la Martinique à l’horizon. 11 heures, il nous reste une quarantaine de milles.

Recalage horaire : nos téléphones nous annoncent l’heure locale à 14H16, alors que nous étions toujours sur l’heure du Cap Vert soit 17H16.

Nous mouillons pour la nuit dans l’anse Meunier, nous verrons demain si nous pouvons avoir une place au Marin. Après une semaine de grande pétole nous aurons mis 23 jours pour traverser l’atlantique depuis les îles du Cap Vert situées à 2100 milles d’ici, 23 jours inoubliables !

 

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